Envie d’uriner souvent (pollakiurie) : causes et traitements
L’envie d’uriner souvent (pollakiurie ou hyperactivité vésicale) est un trouble mictionnel caractérisé par le besoin d’uriner plusieurs fois par jour ou par nuit.
Elle s’accompagne parfois d’une sensation d’un besoin urgent d’uriner, ce que les médecins appellent l’urgenturie.
Généralement causée par des troubles des voies génito-urinaires comme une inflammation de la vessie et/ou de l’urètre (lire comment soigner une cystite), la pollakiurie peut entraîner une incontinence par impériosité.
Mais quels sont les troubles responsables de cette envie fréquente d’uriner ? Quels sont les signes d’alerte et quand consulter ? L’équipe médicale de Feeli vous aide à y voir plus clair.
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- Envie d’uriner souvent : qu’est-ce que la pollakiurie ?
- Envie d’uriner souvent : quelles sont les causes ?
- Diagnostic, examens, signes d’alerte de la pollakiurie
- Envie d’uriner souvent : quels sont les traitements ?
Envie d’uriner souvent : qu’est-ce que la pollakiurie ?
L’envie d’uriner souvent est une pathologie fréquente, pouvant avoir de nombreuses causes.
Généralement, cette sensation est provoquée par une augmentation de la pression vésicale, entraînant des mictions très fréquentes (plusieurs fois par jour et par nuit (nycturie)).
Le volume de l’urine peut par ailleurs être normal ou inférieur à la normale. Lorsque la pollakiurie s’accompagne d’un besoin urgent d’uriner, on parle également d’urgenturie.
D’un point de vue organique, la pollakiurie peut être la conséquence de plusieurs mécanismes organiques :
- Une diminution du volume vésical, engendrée par exemple par une tumeur du bassin ou par le fait d’avoir une petite vessie (“petite vessie constitutionnelle”) ;
- Une perte de la fonction vésicale liée à certaines pathologies, comme une sclérose des muscles de la vessie (sclérose du détrusor) ;
- Ou encore, en cas de contractions involontaires des muscles de la vessie lors de son remplissage. Ces contraction peuvent par exemple être causées par une cystite chez la femme ou encore un dysfonctionnement neurologique de la vessie (vessie neurologique).
Malgré tout, il n’est pas systématique que les médecins retrouvent une cause organique à la pollakiurie. Lorsqu’aucune cause physique n’est retrouvée, d’autres causes doivent être recherchées, comme des facteurs psychologiques (anxiété, dépression).
Dernièrement, la pollakiurie se distingue aussi par le fait que la sensation d’avoir toujours envie d’uriner n’est pas soulagée par la vidange urinaire. En effet, après avoir vidé leur vessie, les patients continuent d’essayer d’uriner, mais seulement de petites quantités d’urine sont évacuées.
La pollakiurie peut donc parfois s’accompagner d’une incontinence par impériosité, caractérisée par une envie pressante et urgente d’uriner.
Envie d’uriner souvent : quelles sont les causes ?
Une envie fréquente d’uriner peut avoir de nombreuses causes, parmi lesquelles :
- Une infection urinaire, pouvant être caractérisée par une dysurie (brûlures mictionnelles), des urines nauséabondes, des douleurs, de la fièvre ou encore une confusion. Lire également comment soigner une infection urinaire ? ;
- L’incontinence urinaire. L’évacuation des urines se fait de manière involontaire, par exemple en se penchant, lors d’éternuements ou en toussant ;
- L’hypertrophie bénigne de la prostate ou un cancer de la prostate. Les premiers signes peuvent comprendre un faible débit urinaire, la sensation d’une vidange incomplète ou encore une incontinence ;
- Des calculs des voies urinaires ;
- La grossesse (3ème trimestre)
- Une prostatite. Les symptômes comprennent plusieurs troubles urinaires (dysurie, urgenturie, nycturie, écoulement urétral, prostate douloureuse au toucher, etc.) ;
- Certaines substances et médicaments, comme l’alcool, la caféine ou les diurétiques.
Donc, la pollakiurie peut avoir de nombreuses causes, de gravité variable, mais qui sont le plus souvent en lien avec des troubles des voies génitales et urinaires.
Une consultation médicale en ligne est donc souhaitable, afin d’écarter le risque d’une maladie sous-jacente plus grave.
Qu’est-ce que la polyurie ?
La polyurie est un autre trouble urinaire, qui doit être différencié de la pollakiurie. Les symptômes de la polyurie comprennent :
- L’augmentation des mictions (ou augmentation de la fréquence urinaire) ;
- La production d’un grand volume d’urine.
Le plus souvent, la polyurie s’accompagne d’une polydipsie, un symptôme caractérisé par une soif excessive et le besoin de boire beaucoup de liquides. Les médecins parlent de syndrome polyurie/polydipsie.
Les principales causes de la polyurie peuvent comprendre :
- Le diabète ;
- Le syndrome de Cushing ou hypercorticisme, pouvant entraîner un surpoids, une ostéoporose ou encore un diabète ;
- Une insuffisance rénale ;
- L’âge ;
- Plus rarement, un trouble du comportement, comme la potomanie, le besoin maladif de boire de l’eau en quantité excessive.
Diagnostic, examens, signes d’alerte de la pollakiurie
Lors d’une consultation, le médecin cherchera à identifier plusieurs points pour confirmer le diagnostic de la pollakiurie :
- Premièrement, quelle est la quantité de liquide absorbée et la quantité d’urine éliminée ? Cette question permet de différencier pollakiurie et polyurie ;
- Depuis quand les symptômes sont-ils présents ? ;
- La pollakiurie s’accompagne-t-elle d’autres symptômes irritatifs (urgenturie, irritation, difficultés mictionnelles (dysurie)) ? ;
- Des symptômes obstructifs (sensation de miction incomplète, faible quantité d’urine émise, nycturie, etc.) sont-ils présents ? ;
- Le patient a-t-il plusieurs partenaires sexuels ?.
Certains symptômes évocateurs nécessitent par ailleurs une prise en charge médicale rapide :
- De la fièvre ;
- Une douleur à l’aine ou de l’hypochondre (partie supérieure du bas-ventre) ;
- Une hématurie (présence de sang dans les urines), suggérant une infection bactérienne ;
- L’absence de règles ;
- Nausées matinales et tuméfaction des seins, ce qui peut suggérer une grossesse ;
- Une conjonctivite et une arthrite réactionnelle.
Le médecin évaluera également l’éventuelle présence d’antécédents médicaux, comme :
- Une maladie de la prostate ;
- Des interventions chirurgicales antérieures ;
- Ou encore un traitement par radiothérapie de la région pelvienne (irradiation pelvienne).
De plus, certains médicaments ou substances alimentaires augmentent la production d’urine et doivent être évités, comme l’alcool, le café ou les diurétiques.
Envie d’uriner souvent : quels sont les signes d’alerte ?
Plusieurs autres symptômes sont considérés comme des signes d’alerte de la part des médecins et nécessitent une prise en charge rapide. Ces signes d’alerte comprennent :
- Des signes de lésions de la moelle épinière, comme une perte de tonus et du réflexe du sphincter anal ;
- Une faiblesse des membres inférieurs ;
- Une douleur dorsale (lire aussi mal de dos côté gauche : signification) ;
- De la fièvre.
Quand réaliser un ECBU ou une cystoscopie ?
En présence de symptômes suggérant une pollakiurie, des examens complémentaires sont nécessaires. Donc, tous les patients doivent réaliser un examen cytobactériologique des urines (ECBU.
Ce test permet de diagnostiquer facilement une hématurie (présence de sang dans les urines) ou une infection.
Lorsque nécessaire, une cystoscopie, une urétrorraphie et une cystométrie peuvent être réalisées, notamment afin de diagnostiquer une cystite ou une obstruction des voies urinaires.
Chez l’homme âgé, d’autres examens peuvent aussi être nécessaires, comme un dosage du PSA (diagnostic du cancer de la prostate), une biopsie de la prostate et une échographie.
Ces examens peuvent permettre de différencier l’hypertrophie bénigne de la prostate d’un cancer de la prostate.
Envie d’uriner souvent : quels sont les traitements ?
Les traitements de première intention se concentrent d’abord sur le soulagement des symptômes. De fait, les thérapies comportementales ont une importance centrale dans la prise en charge de la pollakiurie ou de l’hyperactivité vésicale.
Les thérapies comportementales comprennent notamment :
- Des mesures hygiéno-diététiques ;
- Une rééducation du périnée ;
- Un reconditionnement des mictions.
Ces mesures sont à privilégier avant la mise en place d’un traitement médicamenteux. S’agissant des mesures hygiéno-diététiques pouvant soulager l’hyperactivité vésicale, nous pouvons citer :
- Une réduction de la masse corporelle ;
- L’arrêt du tabac ;
- Une vigilance quant à la quantité des liquides absorbés ;
- Une limitation de la consommation en alcool, en café et diurétiques.
En plus de ces mesures, un reconditionnement mictionnel peut s’avérer utile. Cette thérapie consiste à programmer des heures fixes de miction afin de suivre un entraînement vésical. et progressivement allonger l’intervalle entre les mictions.
Dernièrement, une rééducation des muscles périnéaux (rééducation périnéale) est parfois nécessaire chez certains patients.
Elle peut permettre de réduire les contractions involontaires des muscles de la vessie et permet une meilleure fermeture de l’urètre après la miction. Cette rééducation périnéale peut faire appel à différentes techniques :
- Renforcement musculaire autour du périnée ;
- Le biofeedback ;
- Ou encore la stimulation magnétique des muscles périnéaux.
Les traitements médicamenteux de la pollakiurie
Le traitement médicamenteux de la pollakiurie dépend évidemment des causes, qui comme nous l’avons vu peuvent être nombreuses. Cela étant, plusieurs médicaments sont souvent prescrits :
- Les anticholinergiques ;
- Les bêta-3-agonistes.
Les anticholinergiques présentent l’intérêt de diminuer les contractions involontaires de la vessie, de retarder l’envie d’uriner et d’augmenter la capacité de la vessie.
Bien tolérés par l’organisme, ils peuvent néanmoins occasionner certains effets secondaires, parmi lesquels :
- La bouche sèche ;
- Des troubles de la vision (difficultés de l’accommodation visuelle) ;
- Une constipation.
S’agissant des bêta-3-agonistes, ils ont pour effet une diminution du tonus des muscles de la vessie (tonus du détrusor). Ils peuvent être utilisés lorsque les anticholinergiques ne sont pas tolérés ou inefficaces.
Lorsque ces traitements s’avèrent inefficaces, d’autres traitements sont possibles, comme une stimulation neuro-tibiale et une chirurgie.
Envie d’uriner souvent : les points essentiels
La pollakiurie (ou vessie hyperactive, hyperactivité vésicale) est un trouble urinaire fréquent pouvant avoir des répercussions assez lourdes sur la qualité de vie des patients qui en souffrent.
Même si dans la plupart des cas, ce trouble est causé par une infection urinaire, il nécessite une prise en charge médicale sérieuse et adaptée.
De plus, certaines pathologies doivent être écartées, notamment chez l’homme de plus de 50 ans, comme le cancer de la prostate ou l’hypertrophie bénigne de la prostate.
Chez les personnes en bonne santé, la consommation excessive de caféine peut aussi occasionner une pollakiurie.
Pour un diagnostic médical ou davantage d’informations, un médecin généraliste est à votre écoute sur Feeli. Prenez soin de votre santé !
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