Dépression saisonnière : comment s’en sortir ?
La dépression saisonnière ou trouble affectif saisonnier (TAS) est un syndrome complexe. Cette pathologie toucherait près de 18% de la population, ce qui en fait une réalité de plus en plus reconnue par les médecins et les psychiatres.
La dépression saisonnière est caractérisée par des troubles dépressifs récurrents en automne et en hiver. Ces symptômes dépressifs seraient probablement causés par une baisse de luminosité.
Mais comme nous allons le voir aujourd’hui, les choses ne sont pas aussi simples.
Restez avec nous : symptômes de la dépression saisonnière, comment la combattre, on vous explique tout. Un médecin généraliste est à votre écoute en ligne pour davantage d’informations.
Trouble affectif saisonnier ?
- Dépression saisonnière : définition, symptômes, diagnostic
- Comment combattre la dépression saisonnière ?
- Quel est le lien entre mélatonine et dépression ?
- Dépression saisonnière et influence de la sérotonine
- Dopamine, adrénaline, noradrénaline : un rôle à jouer ?
- Dépression saisonnière : les points essentiels
Dépression saisonnière : définition, symptômes, diagnostic
Le syndrome de dépression saisonnière se manifeste principalement en automne ou en hiver, par un état dépressif. Les médecins attribuent souvent cet état à la baisse de luminosité.
Ces troubles disparaissent ensuite avec le printemps et l’été. On parle de “trouble affectif saisonnier”.
Par ailleurs, cet état dépressif se manifeste de manière récurrente, depuis au moins 2 ans chez une personne. De même, ces symptômes dépressifs ne s’expliquent par aucune aucune cause psychosociale.
C’est pourquoi les médecins parlent de syndrome, en l’absence de preuves concrètes sur les causes de la dépression saisonnière.
Malgré le fait que le lien entre les variations saisonnières et l’humeur existe depuis très longtemps, la réalité médicale est plus complexe à décortiquer.
Par exemple, comment expliquer le fait qu’une diminution de la luminosité affecte psychologiquement certaines personnes et pas d’autres ? Comment le soleil interagit-il avec le cerveau et peut-il réguler les humeurs ?
Quels sont les symptômes de la dépression saisonnière ?
Les symptômes de la dépression saisonnière ne sont pas exactement les mêmes que ceux de la dépression typique. Ils partagent néanmoins plusieurs symptômes en commun, parmi lesquels :
- Une humeur dépressive ;
- Une perte de capacité à ressentir de l’intérêt ou du plaisir.
Cependant, bien que ce ne soit pas systématique, la dépression saisonnière se distingue de la dépression ordinaire avec d’autres types de symptômes spécifiques :
- Une durée de sommeil accrue, de la fatigue malgré le repos ;
- Une augmentation de l’appétit ;
- La prise de poids ;
- Une modification des habitudes alimentaires. Par exemple, une envie particulière d’aliments à base de glucides.
Les cycles de cette dépression sont par ailleurs saisonniers et émergent principalement en automne/hiver.
Dans d’autres situations, les troubles dépressifs apparaissent en été, avec une rémission en automne ou en hiver, puis reviennent l’année suivante à la même période.
Ce trouble affectif saisonnier d’été est néanmoins plus rare. Les symptômes de la dépression estivale sont également plus proches des symptômes dépressifs non saisonniers, comme :
- Une insomnie ;
- Un manque d’appétit ;
- Une perte de poids ;
- De l’anxiété.
Il est par ailleurs important de rappeler que contrairement à la dépression saisonnière, d’autres formes de dépression récurrentes (ou chroniques) existent, et surviennent indépendamment de la période de l’année.
Nous pensons par exemple à la dépression bipolaire ou unipolaire.
Une autre difficulté réside dans le fait que l’intensité des symptômes du trouble affectif saisonnier est très variable.
Par exemple, il existe certains patients dont les symptômes seront peu significatifs lors des variations saisonnières, alors que d’autres personnes présentent des troubles mentaux extrêmement invalidants.
Ces troubles sont parfois similaires aux épisodes dépressifs majeurs récurrents et sévères.
Enfin, certains patients souffrent également de troubles bipolaires pendant ces épisodes de dépression.
Facteurs de risque et causes de la dépression saisonnière
Le trouble affectif saisonnier est un syndrome complexe, dans lequel de nombreux facteurs de risque ont été identifiés, parmi lesquels :
- Les facteurs génétiques ;
- Les facteurs biochimiques ;
- Des facteurs environnementaux ;
- Ou encore des facteurs culturels.
Cela étant, les études sur le nombre de cas de patients atteints de dépression saisonnière montrent des résultats très différents.
En effet, il est difficile d’établir une norme car de nombreux paramètres peuvent influencer les études scientifiques :
- Les instruments et les critères d’évaluation ;
- La région géographique (conditions météorologiques, latitude) où est réalisée l’étude ;
- Les caractéristiques propres aux patients et à l’étude : âge, sexe, ethnies, antécédents psychiatriques, acclimations, vulnérabilité face au stress, etc.
Diagnostic d’un trouble affectif saisonnier
La dépression saisonnière (ou trouble dépressif récurrent) doit remplir 4 critères pour être considérée comme telle :
- L’apparition de la dépression est corrélé avec la période de l’année ;
- Entre les épisodes dépressifs, les patients observent une rémission complète. Les symptômes disparaissent à certaines périodes et reviennent à des moments précis de l’année ;
- La survenue d’au moins 2 épisodes majeurs de dépression au cours des deux dernières années ;
- Une absence de corrélation entre certains types de stress saisonnier (comme celui que peut entraîner le chômage saisonnier, par exemple) et les troubles dépressifs.
Bien que la dépression saisonnière ressemble quasiment en tout point à la dépression ordinaire (elle en constitue en réalité un sous-type), plusieurs différences minimes existent entre les deux.
Par exemple, des symptômes végétatifs comme le manque d’appétit ou l’insomnie sont davantage des symptômes de la dépression majeure, tandis que le trouble affectif saisonnier se distingue par des symptômes plus atypiques.
Ces manifestations peuvent par exemple comprendre :
- L’hypersomnie : somnolence, sommeil anormalement long, peu reposant, etc. ;
- Des crises de boulimie (hyperphagie) ;
- Une envie accrue de glucides.
Comment combattre la dépression saisonnière ?
Puisque la dépression saisonnière est corrélée à la diminution de la luminosité, le traitement de première intention repose sur la luminothérapie.
Pour le patient, cela revient à s’exposer à une lumière de 10 000 lux d’intensité durant 30 min, de préférence le matin.
L’efficacité de la luminothérapie n’est aujourd’hui plus à prouver ; son taux de succès serait même identique à celui des antidépresseurs.
Du fait du succès de cette thérapie et du caractère saisonnier de ce trouble, les médecins ont d’abord évoquer un manque d’exposition lumineuse comme principale cause de la dépression saisonnière.
En effet, comme nous le savons tous, les jours en hiver raccourcissent, ce qui pourrait avoir une influence sur l’horloge interne des individus.
Mais les choses se compliquent, lorsqu’on a démontré que malgré une exposition lumineuse hivernale 4 à 6 fois moins forte qu’en été, les patients reçoivent la même quantité de lumière en hiver que la population normale.
Aujourd’hui, les médecins pensent que le mécanisme de ce trouble a une forte composante neurochimique, et non uniquement un mécanisme comportemental ou psychologique.
Certaines personnes seraient en fait plus vulnérables ou sensibles au raccourcissement des jours.
Pourtant, et malgré plus de 25 années de recherche, l’origine neurochimique de la dépression saisonnière reste un mystère. Elle impliquerait en effet plusieurs neurotransmetteurs et hormones, complexifiant ainsi la nature du problème.
Certains médecins peuvent parfois recommander une thérapie cognitivo-comportementale.
Quel est le lien entre mélatonine et dépression ?
La mélatonine est la première molécule à avoir été pointée du doigt dans le mécanisme du trouble affectif saisonnier. La production de cette hormone a lieu principalement pendant la nuit et dure plus longtemps en hiver qu’en été.
Du fait de son effet hypnotique et de cette particularité saisonnière, les spécialistes ont émis l’hypothèse qu’un allongement de la production de mélatonine pouvait engendrer un trouble dépressif pendant l’hiver.
De plus, le taux de luminosité pouvant aussi faire chuter les niveaux de mélatonine, il semblait logique que la luminothérapie présente autant d’efficacité.
Certaines études ont par ailleurs montré que la mélatonine était davantage produite en hiver qu’en été, chez les patients atteints de dépression saisonnière.
Cela étant, l’hypothèse de la mélatonine n’est pas unanimement approuvée. Premièrement, d’autres études sérieuses n’ont pas décelé d’anomalies particulières de la durée de production de la mélatonine et de son lien avec la dépression.
D’autres études complémentaires sont donc encore nécessaires à ce jour, afin de mieux comprendre le rôle effectif de ce neurotransmetteur dans l’apparition de la dépression saisonnière.
Dépression saisonnière et influence de la sérotonine
La sérotonine, un autre neurotransmetteur, est impliquée dans la dépression classique et joue également un rôle dans la dépression saisonnière.
En effet, elle pourrait expliquer les symptômes atypiques évoqués plus haut, comme la boulimie (hyperphagie) et l’hypersomnie (trouble du sommeil).
Certains antidépresseurs peuvent par ailleurs diminuer temporairement les symptômes alimentaires, dont l’envie fréquente de féculents ou de sucreries, sans pour autant affecter l’alimentation générale et la nourriture riche en protéines.
Ils présentent aussi l’intérêt d’agir sur les symptômes dépressifs. Les antidépresseurs sérotoninergiques peuvent en effet stimuler temporairement l’humeur et favoriser un état d’euphorie, avec une diminution de la tristesse.
Par ailleurs et fait intéressant, cet état de stimulation physique et psychologique n’est observé que chez les patients en phase dépressive.
Cette caractéristique pourrait, d’après certains médecins, être un signe distinctif du trouble affectif saisonnier.
Enfin, à ce jour, toutes les études suggèrent l’implication de la sérotonine dans l’apparition d’un trouble dépressif.
La perturbation de la production de sérotonine contribuerait à la dépression saisonnière, tout comme les événements biochimiques provoqués par ce dérèglement.
Production de sérotonine et luminosité
Il a été démontré que la production de sérotonine dans le cerveau était plus élevée les jours ensoleillés que lors des journées sombres.
Malgré tout, aucun autre facteur environnemental (pluie, température, pression atmosphérique, etc.) ne semble avoir d’effets sur les taux de sérotonine, ni même sur la noradrénaline ou la dopamine (d’autres hormones propices au bien-être).
Les examens peuvent donc comprendre des analyses sanguines, afin de mesurer la concentration de sérotonine dans le cerveau.
Pour ce faire, un cathéter est placé directement la veine jugulaire, ce qui permet d’analyser un échantillon de sang venant du cerveau.
Cette recherche est importante car elle permet d’expliquer le lien entre la lumière et la sérotonine, et de fait, le succès du traitement par luminothérapie.
Mais cela permet également de préciser l’origine et la cause de la dépression saisonnière.
Ainsi, le débit de sérotonine pourrait être diminué avec la diminution des heures d’ensoleillement, contribuant à la manifestation de la dépression chez certaines personnes fragiles.
L’hypothèse principale est donc que les patients atteints de dépression saisonnière pourraient manquer de sérotonine dans un premier temps, du fait entre autres du manque de lumière, conduisant ensuite à l’apparition des symptômes.
Dopamine, adrénaline, noradrénaline : un rôle à jouer ?
La dopamine, l’adrénaline et la noradrénaline sont des hormones (ou neurotransmetteurs) aussi connues sous le nom de catécholamines.
Plusieurs études chez des patients atteints d’un trouble affectif saisonnier ont rapporté des anomalies au niveau de ces catécholamines, bien que la dopamine soit l’hormone la plus étudiée.
Malgré tout, ce lien est encore mal expliqué par les médecins, notamment car les études portent encore sur de trop petits échantillons.
De plus, les résultats de ces études divergent souvent, ce qui complique la compréhension du lien entre dopamine et dépression saisonnière.
Plus récemment, une étude de grande ampleur a tout de même ajouté des arguments supplémentaires en faveur de l’implication des catécholamines dans les troubles dépressifs d’été.
Par exemple, l’administration d’un inhibiteur de la recapture neuronale des catécholamines (dopamine et noradrénaline), commercialisé sous le nom de bupropion, pourrait aider certaines personnes à prévenir la dépression de l’automne.
Dépression saisonnière : les points essentiels
De nombreuses hypothèses ont été proposées pour expliquer l’origine biochimique de la dépression saisonnière. Les études les plus convaincantes mettent principalement en cause le système sérotoninergique.
En effet, la lumière semble avoir un effet direct et positif, corrélée par les taux de sérotonine et l’apparition de la dépression hivernale ou de l’automne.
De plus, avec l’augmentation de la luminosité au printemps, les symptômes disparaissent naturellement.
Le traitement de luminothérapie, efficace, semble aussi valider l’hypothèse de l’implication principale de la sérotonine, bien que l’on explique aujourd’hui encore mal cette corrélation.
De plus, les interactions des différents neurotransmetteurs sont très fréquentes, mais n’expliquent nécessairement l’apparition ou le déclenchement des symptômes de la dépression chronique saisonnière.
Un dysfonctionnement n’est donc pas toujours mis en cause. Des études supplémentaires sont encore nécessaires afin de réellement déterminer l’origine du trouble affectif saisonnier.
Prenez soin de votre santé et n’oubliez pas qu’un médecin généraliste est à votre écoute lors d’une consultation en ligne sur Feeli, 7 jours sur 7.
Trouble affectif saisonnier ?